Un très grand pays, une très longue histoire : comment se repérer ? C’est ce que nous vous proposons en quatre volets. Le premier court de la Préhistoire au premier empereur qui ait unifié la Chine ; Qin Shi Huang Di (秦 始 皇 帝) que nous connaissons pour son tombeau : l’armée enterrée de Xian.
REPERES
POUR COMPRENDRE
L’HISTOIRE
DE LA CHINE
1 - DES
ORIGINES AU PREMIER EMPEREUR
Commençons
par le début et demandons-nous comment la Chine s’est peuplée.
1- La Préhistoire chinoise
On
a trouvé des parties de squelettes du genre homo, accompagnés de pierres
taillées dans différentes régions de Chine, au Sichuan (homme de Wushan), dans le Shaanxi (Shangchen), au Hubei (homme
de Yunxian). Ces fossiles sont datés de 2 à 3 millions d’années, plus anciens
donc que l’homme de Pékin, vieux de – seulement – 780 à 300 000 ans.
Carte
AFCPS
Mais
la datation et l’interprétation de ces restes humains font débat. Pour les
paléontologues occidentaux, il s’agit d’une immigration précoce de l’homo habilis
africain puis de ses successeurs sur le continent asiatique. Pour les
chercheurs chinois, des hominidés sont apparus en Asie même ; la Chine ne
partage pas la théorie d’une origine africaine unique de l’humanité.
Le
même conflit entoure l’apparition de l’homo sapiens. Des fouilles ont mis
à jour dans le Guanxi et dans le Hunan des restes datant d’environ 100 000
ans. Mais les travaux occidentaux proposent une ancienneté de 40 à 50 000
ans seulement, compatible avec la sortie d’Afrique de l’homo sapiens sapiens.
Par
contre, à dater de la fin du Paléolithique, le consensus règne entre les
spécialistes. Tous reconnaissent que des populations de chasseurs cueilleurs
qui enterraient leurs morts, comme en Europe, ont développé pour la première
fois dans l’histoire de l’humanité la technique de la poterie.
Des
fragments datés de 18 à 14 000 ans avant notre ère ont été découverts au
Hunan. Le pot contenait des traces de riz sauvage et de crustacées d’eau.
Musée
du Hunan – cliché Prof Garry Lee Todd
Près
de dix mille ans plus tard, au Néolithique, des sociétés structurées et
sédentaires apparaissent dans diverses régions. Elles s’appuient sur la
domestication du bétail (Mandchourie), la culture du millet (Chine du Nord) ou
celle du riz (Chine du Sud). Entre ces groupes, les échanges sont nombreux ;
ils s’étendent jusqu’en Asie centrale d’où provient sans doute la technique du
bronze et vers la Sibérie dont les rituels chamaniques semblent partagés par la
Chine ancienne.
La
plus connue de ces premières civilisations est celle dite de Yangshao, près
de Xian, dans le Shaanxi. La mythologie chinoise garde le souvenir de cette
période au travers des personnages des « Trois Augustes »
selon la traduction habituelle, littéralement « san huang » (三
皇 ) les trois empereurs. Fuxi a inventé
les bases de l’écriture, le calendrier, l’élevage, la pêche, la métallurgie et
la construction des maisons, sa sœur-épouse Nûwa a créé les premiers
hommes et Shennong est l’inventeur
de l’agriculture, des plantes médicinales et du thé.
Vers
moins 2000, c’est la culture d’Erlitou qui lui succède mais, pour la
Chine, il ne s’agit plus de préhistoire mais d’histoire tout court, celle de
l’Antiquité.
2 – De la légende à l’archéologie : les rois
XIA (夏 朝)
-2070 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- -1532
En
2000 avt JC, l’Europe en est à l’Age du bronze et l’Egypte au Moyen Empire
(capitale : Thèbes). En Chine, selon les anciennes chroniques, le bassin
du Fleuve Jaune était sous l’autorité d’une dynastie, la première de l’histoire
chinoise, les Xia. Pendant longtemps, on a cru à une légende.
Et
d’autant plus que les premiers rois Xia, dénommés les « Cinq empereurs »
(wudi 五
帝
littéralement
les cinq rois) appartiennent, comme les « Trois Augustes » à
la mythologie chinoise. Le premier d’entre eux, Huang Di, l’Empereur Jaune (黄
帝)
est réputé avoir développé l’écriture et l’administration. L’un de ses successeurs,
Yu le grand, aurait dompté les eaux du Fleuve Jaune.
Mais les progrès de l’archéologie conduisent à s’interroger. Dans le Henan (河 南), notamment sur le site d’Erlitou (二 里 头 ), on a retrouvé les restes d’une civilisation très hiérarchisée. Haches et surtout disques de jade poli témoignent de grandes connaissances techniques et de productions élaborées. Cela prouve-t-il l’existence de la dynastie des rois XIA ?
« Bi » Disque de jade poli –
Site de Erlitou – Musée de Shanghai – Photo AFCPS
Musée
de Shangai – Photo AFCPS
3 - LES ROIS SHANG (商 朝)
Si l’existence des rois Xia n’est pas (encore ?) totalement attestée, celle des rois Shang ne fait aucun doute. Ils étaient contemporains de Ramsès II et avaient étendu leur souveraineté du fleuve Jaune vers le Sud. Ils gouvernaient leur royaume féodal, composé de nombreux vassaux, depuis leur capitale, An Yang (安 阳 市) dans le Henan.
On connaît partie de leur histoire car on a retrouvé leurs « archives ».
A
l’époque, avant de prendre une décision, les personnages importants faisaient
pratiquer une sorte de divination : il s’agissait d’analyser la situation
et ses potentialités pour décider de la meilleure attitude pour parvenir à son
but. A cette fin, on faisait brûler des os plats (épaule de mouton) et on
examinait les fissures. Les fonctionnaires chargés de cette tâche ont pris
l’habitude de noter la réponse apportée, puis la date et la question. C’est ainsi
qu’est née l’écriture chinoise,
toujours utilisée aujourd’hui. Le principe peut être comparé à celui des
hiéroglyphes égyptiens.
4
– LES ROIS ZHOU
-1122 ----------------------------------------------------------------------------------------------------- -550
Le dernier roi Shang fut un tyran débauché. Lorsqu’il voulut attaquer son principal vassal, le roi Zhou, les esclaves de son armée prirent le parti des Zhou.
Les
rois Zhou fondèrent alors une dynastie qui dura du règne de Nabuchodonosor à
Babylone jusqu’aux débuts des cités grecques. Ils agrandirent considérablement
le territoire vers le Nord, aux frontières de la Mongolie et vers le Sud, bien
au-delà du Yangzi.
Cette
période a été considérée, notamment par Confucius, comme l’époque idéale de la
civilisation chinoise.
Effectivement,
pendant quelques siècles, la Chine connut une époque de paix et de prospérité
qui favorisa une intense réflexion philosophique et spirituelle. Toutes les bases de la sagesse et de la tradition
chinoise datent de ce moment : l’ébauche de la théorie du Yin et du
Yang (阴 阳), des Cinq éléments (五 行 ), les rites qui en découlent ou bien encore le
culte des ancêtres.
Bronze
rituel – Musée de Shanghai Photo AFCPS
5 - PRINTEMPS ET AUTOMNES ( 春 秋 ) - ROYAUMES COMBATTANTS ( 战 国)
-550 ----------------------------------------------------------------------------------------------------- -221
Au
VIII° siècle avant JC, les rois Zhou perdent leur puissance. Ils s’avèrent
incapables de lutter contre les attaques des « Barbares » du Nord et
peu à peu, la réalité du pouvoir revient aux princes féodaux (Printemps et
Automnes).
La
Chine est éclatée en principautés rivales. Au milieu du V° siècle, de grands
Etats centralisés et bien organisés apparaissent. Leurs rois ne reconnaissent
plus les Zhou et se livrent entre eux à des guerres incessantes (Royaumes
combattants).
Néanmoins,
pendant les trois premiers siècles (Période des Printemps et Automnes), la
Chine connaît un grand moment d’épanouissement de la vie intellectuelle et
culturelle. Comme en Grèce, avec Socrate puis Platon, comme en Inde où le
Bouddha commence à prêcher, la Chine voit apparaître les penseurs qui
marqueront durablement sa civilisation : Kong Zi ( 孔 子 ) que nous appelons Confucius et Lao Zi (老 子), le premier des
taoïstes.
Confucius
Lao Zi sur un buffle – peinture Qing
Musée de Taipeh
6
– LE PREMIER EMPEREUR
-221 -------------------------------------------------------------------------------------------------------- - 202
A
partir de -230, le roi de Qin, l’un des Etats issus du royaume des Zhou, parvient
à conquérir un à un les « Royaumes combattants ».
En -221, il se proclame empereur et met fin à la féodalité. Désormais, il n’y aura plus que des fonctionnaires (, les « mandarins) » obéissant directement à l’empereur. Pour asseoir durablement son pouvoir, l’Empereur impose durement l’unification du pays : une seule écriture, un seul système de poids et mesures, une seule monnaie.
Tout un système de routes, à l’abri de la Grande Muraille qu’on restaure et étend permet aux courriers officiels de surveiller le pays. Les opposants sont sévèrement châtiés ; de grands autodafés font disparaître la littérature jugée pernicieuse (Confucius). En Occident, Qin Shi Huang Di est surtout connu pour le tombeau exceptionnel qu’il s’est fait construire : l’armée enterrée. Les opposants sont sévèrement châtiés, de grands autodafés font disparaître la littérature jugée pernicieuse, à commencer par les Entretiens de Confucius. En Occident, Qin Shi Huang Di est surtout connu pour le tombeau exceptionnel qu'il s'est fait construire : l'armée enterrée.
Xian l'armée enterrée Photo AFCPS
A SUIVRE !!!!
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