LE NOUVEL AN ou FETE DU PRINTEMPS  ( chun jie  )

 

 

1 – C’est la plus importante des fêtes et c’est d’abord une fête familiale

En Chine continentale, le Nouvel An donne lieu à une semaine de congés. Tous ceux qui le peuvent rejoignent alors leur famille et leur village d’origine, souvent à des centaines voire à des milliers de kilomètres de leur résidence habituelle. Fêter le Nouvel An en famille est très important. C’est pourquoi le premier confinement, à Wuhan, en 2020, au moment du Nouvel An, a été vécu comme une épreuve douloureuse, ce qui sera sans doute encore le cas, dans beaucoup de villes chinoises, en 2022.

Traditionnellement, c’est donc une marée humaine qui se rue dans les transports et cela porte un nom : chun yun ( ). On considère que c’est le plus important mouvement de population au monde. En 2019, dernière année avant les restrictions de déplacement liées au Covid, c’est plus de 440 millions de voyageurs qui se sont retrouvés dans les trains …..



Chun Yun  - Photo Xinhua

 

 

2 – La fête commence au moins une semaine avant

Autrefois, les préparatifs commençaient un mois avant. En effet, il convient de dire adieu à l’ancienne année et d’accueillir la nouvelle dans une maison parfaitement nettoyée et en portant des habits neufs qu’il fallait confectionner ou faire confectionner. Il fallait aussi faire des réserves car tous les commerces fermaient.

Puis, environ une semaine avant le Nouvel An, très exactement le 23ème jour du douzième mois lunaire, on fêtait le « petit nouvel an ». On offrait au « dieu du foyer » (zaojun  灶君  ) des sucreries. En effet, ce « dieu » ou cet esprit qui vit dans la cuisine sait tout de la famille. Et chaque fin d’année, il s’absente pour aller faire son rapport à l’Empereur Céleste, c’est-à-dire à l’Empereur symétrique de l’Empereur terrestre. Selon ce que raconte le dieu des fourneaux, cet Empereur Céleste décide si la famille mérite de vivre une bonne Nouvelle année. Il convient donc que le « dieu du foyer » soit bien disposé. Et son cheval aussi ! C’est pourquoi on répandait par terre de la paille hachée avec quelques grains de céréales pour amadouer la monture et on faisait éclater des pétards qui éloignent les mauvais esprits.

Dieu du foyer au-dessus des fourneaux d’une maison-musée de Hangzhou - Photo AFCPS

 

La coutume du « petit nouvel an » reste encore très vivante. Elle témoigne du poids des croyances traditionnelles dans les rites du Nouvel An. Tout, en effet, s’appuie sur la vieille religion populaire (bientôt, un article).

En attendant le retour du petit dieu, on prépare les décors. A l’intérieur de la maison, on affiche des mots porte-bonheur, sur les vitres, des papiers découpés (en tête de l’article) et, sur les montants des portes, les « sentences parallèles » ( dui lian ) deux vers qui se répondent. Ici, dans le métro de Pékin …


Photo AFCPS

Traditionnellement, sur la porte extérieure de la maison, c’étaient autrefois les figures de deux dieux protecteurs qu’on affichait, les « dieux des portes » (menshen    ). A charge pour eux, l’année durant, de défendre la maison des démons et des fantômes. La coutume remonterait au premier empereur Tang qui, voulant honorer deux de ses généraux, Qin Shubao (    ) et Yuchi Gong ( ) fit accrocher leurs portraits sur les murs de sa chambre. Peu à peu, toute la Chine voulut elle aussi être protégée par ces deux héros.


Taxia – Fujian Photo AFCPS

 

 

3 – La fête

Le soir du Nouvel An, la famille se rassemble autour de la table qui comportent de nombreux mets mais toujours du poisson car le mot « yu » au 2eme ton est homophone du mot qui veut dire «surplus, supplément » . C’est une façon de souhaiter que la Nouvelle Année apporte des récoltes et de la nourriture en abondance.

D’une manière ou d’une autre, on associe les ancêtres aux festivités. Lorsqu’il existe un autel, on y place des offrandes.

Il est de tradition, comme en Occident, de veiller tard, jusqu’à 23 heures autrefois, minuit aujourd’hui. Pour occuper le temps, on jouait au mahjong (majiang  ) ; aujourd’hui, on regarde la soirée de divertissement à la télévision. Le programme fait l’objet de toutes les attentions gouvernementales : il faut que cela plaise !!!

En Chine du Nord, on utilisait aussi le moment de veille pour fabriquer en famille les « jiaozi » (饺子), des raviolis farcis assez proches des « dim sun » si ce n’est que la pâte est faite de farine de blé et non de farine de riz. Aujourd’hui, souvent, on achète les jiaozi qui sont longs à fabriquer (bientôt, la recette). 


A 23 heures (ou à minuit), on jette les jiaozi dans le bouillon et on déguste. C’est la Nouvelle Année qui commence. Lorsque c’est autorisé (risque d’incendie), on fait éclater des pétards, auparavant, on salue les ancêtres.

Le lendemain est consacré aux amis, aux collègues, aux connaissances. On se rend visite ou bien, de plus en plus, on téléphone. On flâne aussi en ville pour admirer les spectacles de rue et, particulièrement, la danse du dragon qui s’est répandue partout dans le monde dès qu’il existe une communauté chinoise suffisamment importante.




Wikipedia

 

Dans la culture chinoise en effet, le dragon, en dépit de son aspect effrayant est un esprit bienveillant dont la puissance est bénéfique, favorable. Il est donc utile de l’invoquer au commencement d’une nouvelle année. On peut aussi pratiquer la danse du lion, un animal qui porte chance.

La période du Nouvel An où l’on se doit de saluer tous les proches se clôt au bout de deux semaines avec la Fête des lanternes. Alors, on sort en famille, la quinzième nuit du premier mois lunaire, dans les rues illuminées où l’on retrouve les spectacles du Nouvel An et les danses traditionnelles. Chacun porte une lanterne ; traditionnellement, ces lanternes sont faites en papier maintenu par une armature et illuminé par une bougie. Des animaux ou des personnages de légende décorent l’ensemble ainsi que des devinettes ; on s’interpelle en déambulant. La coutume veut aussi que l’on consomme une sorte de dessert, les yuanxiao  (元宵). Ce sont des boulettes de riz gluant fourrées par exemple à la pâte de haricot rouge sucrée ou à l’arachide et qu’on déguste dans un bouillon (une « soupe ») aromatisé.  

 

BONNE ANNEE DU TIGRE D’EAU !!



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog